Juliette, un rallye pour démonter les préjugés sur le handicap

Participer au Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc quand on est autiste asperger et aveugle, un challenge impossible ? Non puisque c’est le « défi fou » que s’apprête à relever Juliette, de l’équipage 240 (Juliette LEPAGE / Dominique CAPDEVIELLE / Sandrine LEPAGE). Avec sa mère Sandrine, qu’elle appelle volontiers son « aidante » et Dominique, une ancienne collègue sapeur-pompier du père, elles se lancent toutes les trois dans l’aventure du rallye-raid.

L’idée est née pendant le premier confinement. « J’avais envie de me lancer un nouveau défi et j’ai alors mis Sandrine devant le fait accompli en lui disant « Tu as ton permis poids lourd alors on y va » », se souvient la benjamine de cette 30^e édition, âgée de 20 ans. Une aventure pleine de symboles indispensables dans la perception du monde de la jeune Gazelle, qui a déjà su se dépasser il y a quelques années en parcourant plusieurs kilomètres du GR20, en Corse, où elle réside. Le premier, tout d’abord : participer à l’aventure à bord d’un camion de pompiers. Dominique est sapeur-pompier professionnelle, Sandrine est femme de pompier et elle-même ancienne volontaire tandis que Juliette elle a « été éduquée dans ce monde avec toutes les valeurs qui vont avec ».

Des symboles et des valeurs

Mais ce n’est pas la seule raison qui a poussé la jeune femme à se lancer. « Quand j’étais petite, j’avais une véritable fascination pour les gazelles, l’animal. J’étais admirative de la liberté qui se dégageait de ses mouvements. Ça fait partie des raisons qui m’ont poussées à me lancer dans ce rallye plus qu’un autre », confie Juliette. « Quand on est constamment bridée et toujours dépendante dans sa vie, c’est tout un symbole de devenir Gazelle », souligne sa mère. Pour Sandrine, participer au Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc, c’est aussi « montrer qu’il ne faut pas infantiliser les femmes en situation de handicap car Juliette c’est une femme avant tout et on a tendance à ne pas la voir comme ça ».

Des valeurs féministes que portera fièrement l’équipage 240 (Juliette LEPAGE / Dominique CAPDEVIELLE / Sandrine LEPAGE), qui a choisi de se nommer « Mirage » pour l’occasion et pour de multiples raisons. « Parce qu’on risque d’en croiser », « parce que c’est aussi le nom d’un magnifique avion militaire », « parce que dans mirage, il y a les lettres « rag », qui sont aussi les initiales du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc », énumère Juliette, qui ajoute avec ironie : « Parce que c’est un effet visuel que je ne pourrais pas voir ».

Cette aventure c’est donc surtout celle de la jeune femme, qui a largement porté le projet pour obtenir le budget nécessaire. Mais pas question pour autant de se mettre la pression et de chercher la compétition.  « Je viens en n’attendant rien. Je verrai bien ce que le désert va m’offrir », conclut la jeune Gazelle, pleine d’entrain.